J'ai reçu mon cadeau de Saint Valentin hier.
Et quel cadeau !
Jan, mon amoureux, a osé braver sa peur de me parler de ce qui me faisait le plus peur.
Je dis "faisait" parce que depuis hier, je peux l'évoquer, ma peur, au passé.
La première fois depuis trente-sept ans.
Et je me sens, comme un nouveau-né.
J'ai déployé, pendant toutes ces années, beaucoup d'énergie pour esquiver, oublier, éluder, escamoter, éviter, fuir, m'échapper, m'évader.
En un mot me débiner.
J'avais peur de ma peur ! Le comble...
Et que produit la peur d'avoir peur ?
De l'agitation !
L'agitation, vous connaissez ?
Le stress, la tension, la nervosité, la course éperdue, les prétextes, les faux-fuyants, les alibis : la pandémie des temps modernes.
Observons-les ces gens qui courent...
Ils ont peur, tout simplement.
De quoi ?
De se dévoiler, se mettre à nu, se révéler.
D'accomplir en un mot, leur Apocalypse intérieur.
Et, ce faisant, ils alimentent leur ego, leur mental et la gratification de leur conflit quand ils pourraient s'occuper de faire évoluer leur esprit.
Leur esprit ?
L'"âme" des religieux que les scientifiques nomment le "double"...
Blanc bonnet et bonnet blanc.
Dans ce clivage où corps et esprit sont séparés, le langage n'anime plus les êtres dénaturés que nous sommes peu à peu devenus.
Pour aggraver notre cas, nous parlons même pour ne rien dire d'essentiel.
Nous ergotons, argumentons, nous perdons en vaines discussions quand nous nous donnons encore la peine d'essayer de discuter...
Une amie, si chère à mon cœur, m'écrivait hier "Je cours, cours, comme un furet".
J'avais envie de l'inviter, la Belle, à adopter pour un temps "la marche de l'empereur", en attendant que ses ailes repoussent, pour qu'elle puisse, comme nous y invite Saint Augustin, se souvenir de sa noblesse.
Parce que les temps accélérés sont des temps de ténèbres et les temps décélérés, des temps lumineux, quand "ça va vite", c'est que ça ne va
plus !
Et il est temps, alors, de ralentir la cadence, se poser, retrousser ses manches pour affronter ses peurs.
Parce qu'elles ont la vie dure nos peurs et une descendance active et revendicative à savoir les croyances, les représentés et les limites que nous nous mettons.
Les seules qui nous limitent d'ailleurs !
Et comme vivre n'a qu'un sens, au fond, celui de faire évoluer notre âme en nous libérant de nos limites, nous allons à chaque instant fabriquer des occasions d'actualiser nos peurs ou de les dépasser en les objectivant.
Le couple, à ce titre, est le plus précieux laboratoire qui soit.
Mais voilà, tout n'est pas si simple.
On s'épouse d'abord pour le meilleur avant de rencontrer le pire.
Pourquoi ? Parce que l'homme et la femme ne vivent pas dans le même temps !
On pourrait dire, pour résumer, "un homme épouse une femme en espérant qu'elle ne change pas et une femme épouse un homme en espérant qu'il changera".
Un peu comme si un mari déclinait sa femme au passé, pour en faire un être immuable, et la femme son mari au futur, en discernant en lui des potentialités qu'elle espère voir s'actualiser...
Et voici la bonne nouvelle : les contraires ne sont pas contradictoires, ils sont complémentaires !
La mécanique quantique nous responsabilise en définissant la notion d'intrication.
On reçoit en retour ce que l'on a sécrété, ce qui signifie que l'on est coresponsable de ce qui se vit dans le couple.
L'autre est l'écho de ce que l'on a en soi, de ce que l'on est, de ce que l'on croit.
Et... inversement.
Exit la faute et sa sœur la culpabilité !
La femme est l'avenir de l'homme, nous dit Louis Aragon.I have a dream...
J'ai rêvé que désormais, l'un serait le présent de l'autre dans les deux acceptions du terme...
Et parce que j'avais rêvé très fort...
Que je l'ai voulu intensément...
Que j'ai accepté d'entendre ce que mon amoureux a pris le risque de me dire...
Que j'ai consenti à arrêter le temps pour affronter mes peurs.
Que j'ai pu les dépasser...
Parce que j'ai choisi depuis longtemps de faire évoluer mon âme au lieu d'alimenter mon mental...
Mon rêve a fini par se réaliser !
Corinne D'Anastasi © 2009
Merci à Philippe Bobola pour la vision d'universalité qu'il partage.